Nous avons souvent entendu que nous étions « trop sensible », « trop émotif », « trop susceptible », « trop prise de tête », « trop idéaliste » trop trop trop… et cela dès notre plus jeune âge.
De notre côté, constater qu’on réagit différemment de sa famille et de ses « amis », ne pas comprendre son entourage et son fonctionnement, se faire critiquer et parfois malmener ou humilier… tout cela engendre souvent l’impression d’être anormal(e), incompris(e), en décalage… et peut créer une certaine honte à être comme on est.
Décalage de perceptions ou perception de décalage ?
En tant qu’HyperSensibles, il est désormais établi que nous ressentons les sons, les odeurs, les goûts, la luminosité, et les sensations sur notre peau beaucoup plus intensément que le reste de la population. Idem pour les sensations intérieures… dont les émotions, les sentiments et l’intuition
Saverio Tomasella, dans son livre 「Hypersensibles – Trop sensibles pour être heureux ?」 définit l’HyperSensibilité comme « le plus souvent soit une intense réceptivité, soit une forte émotivité, soit une grande expressivité […] liée à la sympathie, à l’empathie et à la compassion […] indissociable de l’intuition et d’une importante disposition à ressentir, puis exprimer, des sentiments«
Nous expérimentons bien un réel décalage de perceptions sensorielles, émotionnelles et intuitives par rapport à la majorité des gens (70% environ de la population).
Or, pour bien se développer, un être humain a besoin de se sentir entendu, regardé, et reconnu dès tout petit dans son individualité et d’être accompagné dans ses besoins de développement avec empathie, notamment en alphabétisation et expression émotionnelles.
Comment se développe notre cerveau ?
1 Dès les 9 premiers mois de vie, lorsque les personnes qui s’occupent de lui sont disponibles et répondent rapidement et de façon adéquate, prévisible, répétée et sécurisante à ses besoins (qui varient en fonction de son âge et du développement de son cerveau), l’enfant développe en lui une base de sécurité, d’estime et de confiance en Soi, Autrui et la Vie. Il se sent aimé : « Quand je demande, je suis écouté. J’ai de la valeur. Je suis important ».
On parle alors d’attachement sécure, une dynamique d’interactions basées notamment sur l’empathie des parents (figures d’attachement) en vue de la satisfaction des besoins physiologiques et de développement de l’enfant.
Voir 「Croyances et Réalité」 pour plus d’informations sur la genèse de croyances dès la tendre enfance.
Cependant, même avec la meilleure volonté, des connaissances aiguisées en neurosciences et éducation consciente et une grosse dose d’empathie, certains parents, face aux pleurs extrêmes ou aux besoins incessants de certains bébés HyperSensibles nommés BABI (Bébés Aux besoins Intenses) peuvent de pas être en capacité physique, malgré eux, de répondre avec justesse aux besoins de leur enfant…
2 Vers 6/7 ans, on dit que le lien d’attachement de l’enfant passe de la verticale (enfant ↔︎ parents) à l’horizontale (enfant ↔︎ amis). La place des parents évolue. L’enfant, après avoir développé auprès de ses parents empathiques sécurité intérieure, confiance en sa propre personne et confiance en ses propres compétences va désormais peu à peu s’ouvrir aux autres… et développer ses compétences relationnelles en dehors du cercle familial. C’est la période des premières nuits passées chez les ami(e)s… et des premiers week-ends, sans les parents !
Cette période marque également un tournant dans le développement du cerveau de l’enfant car avant cet âge, un cerveau n’est pas capable de « gérer » le stress ni les émotions ! Notre cerveau se développe en effet de notre vie in-utero jusqu’à environ nos 25 ans et ce n’est qu’à partir de 6/7 ans qu’il commence à être « câblé » pour « raisonner dans l’abstrait » et pouvoir « comprendre » et « gérer » émotions, frustrations et contrariétés, et ce, grâce au développement de certaines zones appelées Néocortex.
Avant 6/7 ans, le cerveau ne sait donc pas « gérer » le stress du quotidien de par son immaturité. Un enfant « lambda » ressentira donc des tensions corporelles (stress physiologique) 10 fois plus fortes qu’un adulte « lambda »… et pour des raisons que nous, adultes, trouvons anodines ! Pour un enfant, tout changement de sa routine quotidienne est matière à stimuler/exciter/stresser son cerveau en développement.
En tant qu’HyperSensibles, cela est d’autant plus vrai que nous ressentons stimulations extérieures et sensations corporelles 10 fois plus fort… ce qui peut amplement compliquer les relations avec notre sphère familiale et amicale, malheureusement.
3 Le besoin d’appartenance est un besoin vital pour l’être humain. Nous avons tous besoin de nous sentir « appartenir » pour « exister » et donc de nous « retrouver en autrui » et de nous sentir « accepté ». Quand on est HyperSensible, on perçoit et on ressent les stimulations sensorielles, les émotions, les sentiments, les sensations corporelles et l’intuition bien plus fort que les autres… on perçoit tout ce qui se passe dans les moindres détails… on se sent donc très vite et très clairement différent… et on se demande souvent pourquoi on fonctionne différemment. On aimerait tant être et faire comme tout le monde… se sentir « appartenir »… être accepté.
A l’école, apprendre, interagir, et rentrer dans les standards prédéterminés pour évaluer nos compétences peut aussi relever du parcours du combattant ! Pour nous HyperSensibles HP, les choses « simples » paraissent compliquées pour les autres, alors que les choses « compliquées » semblent simples pour autrui ! On est quasi-systématiquement en décalé ! Comprendre une blague, bien saisir le sens intentionnel des questions d’examens, justifier nos réponses en physique-chimie sous peine d’être fortement pénalisé… Oui, tous ces exemples parlent de mon propre parcours scolaire (du combattant) ! 😇
Alors, décalage de perceptions ou perception de décalage (bis) ?
Vous l’avez compris/pressenti à la lecture des mots qui précédent : notre façon unique de percevoir les choses de la Vie (décalage de perceptions) a un impact certain sur notre façon d’interagir avec nous-même, autrui et la Vie, alimentant à son tour notre perception/sentiment de décalage et notre mésestime.
C’est dans le regard de ses parents et de ses amis (6/7 ans) que l’enfant se construit… et dans la capacité des parents à répondre à ses besoins qu’il se sent aimé… et forge sa propre image de soi.
Si nous avons été entourés de personnes qui ne savaient/pouvaient pas répondre à nos besoins et/ou qui ne fonctionnaient pas comme nous, comment se reconnaître en autrui ? Comment se sentir « appartenir » ? Comment grandir en se sentant aimé, légitime, confiant, adapté ? Comment s’aimer soi-même ? Et comment s’estimer digne d’amour ?
« Un enfant blessé dans son intégrité ne cesse pas d’aimer ses parents, il cesse de s’aimer lui-même » ~ Jasper Juul
Conclusion ?
Notre décalage de perceptions sensorielles, émotionnelles et intuitives du à notre fonctionnement atypique a nourri notre perception/sentiment de décalage, c’est une certitude. Et en même temps, ce sentiment de décalage n’est pas une fatalité ! En pansant nos blessures d’enfance, en comprenant/intégrant ce qui s’est joué à l’époque pour nous et notre entourage, en apprenant des techniques et outils simples de gestion du stress, en nous formant en « intelligence émotionnelle & relationnelle« , nous pouvons réellement cicatriser et créer de nouvelles façons d’interagir avec soi, autrui et la Vie !
Nous sommes tous uniques, tous différents ici bas… et tous à un moment donné nous nous sommes sentis « seul, incompris, décalé »… HyperSensible ou pas ♡
Anne-Gaëlle
Psst : Oui, Ԑliza est mon 2ème prénom utilisé pour ce blog perso pour des raisons d’esthétique et de simplicité !
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