Décalage et hypersensibilité : 3 liens de cause à effet

Décalage et hypersensibilité : 3 liens de cause à effet

Hypersensible, le sentiment de décalage vous connaissez ?

Nous avons souvent entendu que nous étions « trop sensible », « trop émotif », « trop susceptible », « trop prise de tête », « trop idéaliste » trop trop trop… et cela dès notre plus jeune âge.

En parallèle, constater qu’on réagit différemment de sa famille et de ses « amis », ne pas comprendre son entourage ni son fonctionnement engendre souvent l’impression d’être anormal(e), incompris(e), en décalage

Faisons le point.

I – Hypersensibilité et décalage de perceptions

1 En 2012, dans son livre  「Hypersensibles – Trop sensibles pour être heureux ?」Saverio Tomasella définit l’HyperSensibilité (Haute Sensibilité) comme « le plus souvent soit une intense réceptivité, soit une forte émotivité, soit une grande expressivité […] liée à la sympathie, à l’empathie et à la compassion […] indissociable de l’intuition et d’une importante disposition à ressentir, puis exprimer, des sentiments« . Autrement dit, selon lui, la Haute Sensibilité est une propension à ressentir sensoriellement plus fort les choses de la vie : les sensations extérieures comme les sensations intérieures (émotions et intuitions).

2 Depuis, des études ont démonté qu’un cerveau Hautement Sensible ne présente aucune différence particulière dans sa structure – seules 5 zones sont plus ou moins actives !

2.1 – Zones plus actives : cortex insulaire (insula), cortex préfrontal & dorsolatéral, neurones miroirs et amygdale.

2.2 – Zone moins active : thalamus.

Pour plus de détails, voir「5 formes d’Hypersensibilité」

Toutes ces atypies neurologiques de naissance combinées les unes aux autres induisent un filtre de perception plus large et plus profond et un système nerveux plus réactif donnant vie à une hyperstimulabilité (stimulations plus fréquentes et plus intenses au quotidien) aux niveaux sensoriel, émotionnel cognitif, intuitif et créatif… ce que l’on nomme hyperesthésies sensorielle, émotionnelle, créative, cognitive et intuitive.

3 Au quotidien, cela se traduit par une forte intensité globale, une plus grande sécrétion de stress physiologique, une plus grande fatigue et donc un besoin de recharger les batteries plus fréquemment que 70% de la population…

☁️ Hyperesthésie sensorielle : on capte plus de choses de façon plus intense ! Sons, lumières, couleurs, odeurs, textures, saveurs, sensations, énergies, nuances, dissonances, et même un manque de congruence dans une argumentation ou le comportement de quelqu’un !

💛 Hyperesthésie émotionnelle : on capte très fort les émotions des autres, on a spontanément envie de faire plaisir, d’aider et nos émotions naturelles sont plus fréquentes et plus intenses. On évite donc les conflits et on a tendance à s’adapter voir se sur-adapter. On aspire à des relations authentiques, profondes « justes » et loyales. On est aussi plus sensible à l’avis d’autrui.

💬 Hyperesthésie cognitive : on associe plus facilement les idées les unes aux autres, on réfléchit de façon plus profonde et plus nuancée, on peut être lent à prendre des décisions, on se remet facilement en question, on a un besoin viscéral de sens, on aime apprendre, découvrir et on apprend vite quand on est motivé.

🎨 Hyperesthésie créative : on excelle généralement dans les activités « manuelles » et « artistiques » mais aussi dans la résolution de problèmes… et l’innovation ! On peut avoir tendance à imaginer le pire à chaque situation (propension au négatif et anxiété d’anticipation).

🔮 Hyperesthésie intuitive : on sait pas mal de choses sans vraiment savoir comment ce qui crée souvent de grands moments de solitude, bon nombre d’interrogations et des questionnements et un relationnel potentiellement compliqué (syndrome de Cassandre).

En conclusion, nous expérimentons bien un réel décalage de perception et un profond décalage de fonctionnement par rapport à la majorité des gens (70% environ de la population).

Or, pour bien se développer, un être humain a besoin de se sentir entendu, regardé, et  reconnu dès tout petit dans son individualité et d’être accompagné dans ses  besoins de développement avec  empathie, notamment en  alphabétisation et  expression émotionnelles.

II – Comment se développe notre cerveau ?

1 Dès les  9 premiers mois de vie, lorsque les personnes qui s’occupent de lui sont disponibles et répondent rapidement et de façon adéquate, prévisible, répétée et sécurisante à ses besoins (qui varient en fonction de son âge et du développement de son cerveau), l’enfant développe en lui une base de sécurité intérieure, d’estime et de confiance en Soi, Autrui et la Vie. Il se sent aimé : « Quand je demande, je suis écouté. J’ai de la valeur. Je suis important ».

On parle alors d’attachement sécure, une dynamique d’interactions basées notamment sur l’empathie des parents (figures d’attachement) en vue de la satisfaction des besoins physiologiques et de développement de l’enfant.

infographie 4 stades de développement hypersensibilite haut potentiel intellectuel hpi

Voir 「Croyances et Réalité」 pour plus d’informations sur la genèse de croyances dès la tendre enfance.

Cependant, même avec la meilleure volonté, des connaissances aiguisées en neurosciences et éducation consciente et une grosse dose d’empathie, certains parents, face aux pleurs extrêmes ou aux besoins incessants de certains bébés Hypersensibles nommés BABI (Bébés Aux besoins Intenses) peuvent de pas être en capacité physique, malgré eux, de répondre avec justesse aux besoins de leur enfant…

La croyance la plus probable à la non-satisfaction systématique d’un besoin étant : « Je ne suis pas important ».

2 Vers 6/7 ans, on dit que le lien d’attachement de l’enfant passe de la verticale (enfant ↔︎ parents) à l’horizontale (enfant ↔︎ amis). La place des parents évolue. L’enfant, après avoir développé auprès de ses parents empathiques sécurité intérieure, confiance en sa propre personne et confiance en ses propres compétences va désormais peu à peu s’ouvrir aux autres… et développer ses compétences relationnelles en dehors du cercle familial. C’est la période des premières nuits passées chez les ami(e)s… et des premiers week-ends, sans les parents !

Cette période marque également un tournant dans le développement du cerveau de l’enfant car avant cet âge, un cerveau n’est pas capable de « gérer » le stress ni les émotions ! Notre cerveau se développe en effet de notre vie in-utero jusqu’à environ nos 25 ans et ce n’est qu’à partir de 6/7 ans qu’il commence à être « câblé » pour « raisonner dans l’abstrait » et pouvoir « comprendre » et « gérer » émotions, frustrations et contrariétés, et ce, grâce au développement de certaines zones appelées Néocortex.

Avant 6/7 ans, le cerveau ne sait donc pas « gérer » le stress du quotidien de par son immaturité. Un enfant « lambda » ressentira donc des tensions corporelles (stress physiologique) 10 fois plus fortes qu’un adulte « lambda »… et pour des raisons que nous, adultes, trouvons anodines ! Pour un enfant, tout changement de sa routine quotidienne est matière à stimuler/exciter/stresser son cerveau en développement. Cela est d’autant plus vrai pour les enfants Hypersensibles.

💡 Le besoin d’appartenance est un besoin vital pour tout être humain quelque soit son âge. Nous avons tous besoin de nous sentir « appartenir » pour « exister » puis « vivre » et donc de nous « retrouver en autrui » et de nous sentir « accepté ».

III – Hypersensibilité et perception de décalage

1 Auto-observation – Quand on est Hypersensible, on a une Conscience de tout exacerbée : conscience de soi, conscience des autres, conscience des dissonances…  on se sent donc très vite et très clairement différent… et on se demande souvent pourquoi on fonctionne différemment. On aimerait tant être et faire comme tout le monde… se sentir « appartenir »… être accepté… au lieu de se sentir en décalage constant.

2 Interactions – Malheureusement, notre fonctionnement global atypique et nos besoins singuliers ont rarement été compris, nous destinant souvent, dès tout petit, à expérimenter de surcroit incompréhensions, confusions, frustrations, et un certain manque d’empathie de la part de nos professeurs, de nos parents, de nos amis… accentuant ce sentiment de décalage inhérent à notre propre observation/analyse de la situation.

2.1 –L’école peut relever du parcours du combattant : les choses « simples » nous paraissent souvent « compliquées » et inversement… On peut faire pas mal de hors-sujets, ne pas savoir expliquer un raisonnement et être pour cela pénalisé, ne pas comprendre une blague, prendre les choses très littéralement… On est quasi-systématiquement en décalé ! Oui, tous ces exemples parlent de mon propre parcours scolaire du combattant ! 😇

2.2 – C’est dans le regard de ses parents et de ses amis (6/7 ans) qu’un enfant se construit… et dans la capacité de ses parents à répondre à ses besoins qu’il se sent aimé… et forge sa propre image de soi.

Les jugements de notre entourage déterminent au fil du temps notre petite voix intérieure (introjection) , le regard qu’on se porte et la valeur qu’on se donne aujourd’hui.

Si nous avons été entourés de personnes qui ne savaient/pouvaient pas répondre à nos besoins d’hypersensible et/ou qui ne fonctionnaient pas comme nous, comment se reconnaître en autrui ? Comment se sentir « appartenir » ? Comment grandir en se sentant aimé, légitime, confiant, adapté ? Comment s’aimer soi-même ? Comment ne pas se sentir en décalage ?

« Un enfant blessé dans son intégrité ne cesse pas d’aimer ses parents, il cesse de s’aimer lui-même » ~ Jasper Juul

Voilà pourquoi un accompagnement empathique quotidien enfant (attachement sécure) est d’autant plus important pour nous Hypersensibles – car la qualité des interactions avec nos figures d’attachement peut soit apaiser nos angoisses et notre sentiment de décalage soit les renforcer 🤷🏻‍♀️

3 Auto-alimentation – Par la suite, nos croyances et nos pensées déterminent notre réalité en influençant nos comportements et nos actions, qui à leur tour renforcent nos croyances et notre sentiment de décalage.

infographie boucle des croyances hypersensibilite haut potentiel intellectuel hpi

IV – En conclusion, décalage de perceptions ou perception de décalage ?

Vous l’avez compris : notre façon unique de percevoir les choses de la Vie (décalage de perceptions) impacte notre façon d’interagir avec nous-même, autrui et la Vie, alimentant à son tour notre perception de décalage (regard que l’on se porte).

Les 3 étapes de la construction du sentiment de décalage quand on est Hypersensible sont donc :

1 – Observation et constat personnel de nos différences ➜ questionnements et remise en question

2 – Interactions douloureuses ➜ création de croyances limitantes et dévalorisantes + renforcement du ressenti de « décalé »

3 – Auto-alimentation de nos croyances limitantes et dévalorisantes par nos pensées et nos actions ➜ renforcement de nos croyances limitantes et dévalorisantes + renforcement du ressenti de « décalé »

Ceci dit, ce n’est pas une fatalité !

Prendre conscience de ce processus et du rôle que nous jouons inconsciemment dans l’auto-alimentation de notre souffrance et de notre inconfort quotidiens permet d’en sortir, petit pas par petit pas.

Nous sommes tous uniques, tous différents ici bas… et tous à un moment donné nous nous sommes sentis « seul, incompris, en décalé »… Hypersensible ou pas ♡

Anne-Gaëlle

Psst : Oui, Ԑliza est mon 2ème prénom utilisé pour ce blog perso pour des raisons d’esthétique et de simplicité !

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